Après une période de calme relatif au cours des deux dernières décennies, des vents violents et destructeurs sont revenus dans les régions du nord et du nord-ouest de l’Europe. Une série de tempêtes fortes et même sévères ont causé de très nombreux dégâts en Irlande, au Royaume-Uni, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en République tchèque, au Danemark, en Lituanie, en Pologne et en Norvège. https://en.wikipedia.org/wiki/2021%E2%80%9322_European_windstorm_season
La tempête Arwen, qui s’est abattue du 25 au 27 novembre 2021, a causé d’importants dégâts dans les forêts d’Irlande et d’Écosse, avec des dommages estimés à 1 million de m3 de bois (8 millions d’arbres en Écosse et une vitesse de rafale maximale de 177 km/h. Elle a été suivie de la tempête Barra qui a causé d’autres dégâts en Irlande, au Royaume-Uni et en France, ainsi que de graves inondations en Espagne, bien que la vitesse des vents ait été inférieure à celle d’Arwen avec un maximum de 115 km/h.
Entre le 14 et le 19 février 2022, une tempête extrêmement violente appelée Eunice (Zeynep en Allemagne) a traversé l’Europe du Nord, affectant particulièrement les régions situées de part et d’autre de la Manche et le long des côtes néerlandaises et nord-allemandes. L’Irlande, le Royaume-Uni, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark, la République tchèque, la Pologne et la Lituanie ont tous été touchés, avec des dégâts d’au moins 2 milliards d’euros et 17 décès. Le Royaume-Uni a enregistré la vitesse de vent la plus élevée jamais enregistrée, soit 196 km/h, à partir d’un anémomètre situé dans une partie très exposée de l’île de Wight. C’est la pire tempête qu’ait connue le Royaume-Uni depuis celle du Burn’s Day, les 25 et 26 janvier 1990, et elle présente de nombreuses similitudes avec la grande tempête des 15 et 16 octobre 1987. La tempête a été suivie peu après par la tempête Franklin (Antonia en Allemagne) mais, bien que cette tempête ait entravé le nettoyage de la tempête Eunice, elle était beaucoup moins puissante.
La leçon à tirer pour les forestiers est que les dommages causés par le vent constituent toujours une menace pour les forêts européennes, et en particulier celles du nord-ouest du continent. La difficulté réside dans le fait que nos « mémoires collectives » peuvent oublier les événements passés et que nous pouvons devenir blasés face au risque parce que les dommages causés par le vent ne se produisent dans un endroit spécifique qu’une fois tous les 30 à 50 ans. L’inquiétude vient du fait que les tempêtes deviennent plus intenses avec le changement climatique et que la façon dont nous gérons nos forêts pour atténuer ce risque est de plus en plus importante et pertinente, car nous comptons sur les forêts pour séquestrer le carbone, fournir du bois pour l’économie verte et nous offrir toute une série d’avantages que nous considérons souvent comme acquis. Heureusement, nous disposons aujourd’hui de bien meilleurs outils de prévision météorologique, ainsi que de modèles permettant de prédire l’impact de différents systèmes de gestion https://www.forestresearch.gov.uk/tools-and-resources/fthr/forestgales/fgr-the-forestgales-r-package/. Ces modèles de risque de dommages causés par le vent ont été développés par des membres de l’IEFC et ont poursuivi le développement d’outils issus du projet Interreg PLURIFOR https://plurifor.efi.int/storm/.
Le défi immédiat est d’intégrer le risque de dommages causés par le vent et d’autres menaces pour nos forêts comme une partie fondamentale de nos stratégies de gestion afin de garantir que les forêts en Europe continuent à prospérer.