FIRE-RES – Communication et culture du risque

Communication et culture du risque : l’approche des modèles mentaux

Face à la montée du risque incendie dans les forêts cultivées du sud-ouest de l’Europe, l’IEFC explore des stratégies innovantes de communication préventive, fondées sur l’approche des modèles mentaux. Cette méthode permet d’adapter les messages de prévention aux représentations, pratiques et connaissances réelles des populations concernées.

Qu’est-ce que l’approche « modèles mentaux » ?

L’approche des modèles mentaux repose sur l’idée que les experts comme le grand public possède une vision propre du risque : ses causes, les facteurs qui l’aggrave, ses conséquences, les moyens de le prévenir ou de s’en protéger.

Figure : Modèle mental Expert simplifié issu de l’étude sur le territoire des Landes de Gascogne (IEFC, 2025)

Ces visions profanes — c’est-à-dire, dans le cadre de cette étude, celles de personnes non spécialistes ou non formées spécifiquement au risque de feu de forêt —sont souvent peu prises en compte dans les campagnes de sensibilisation actuelles. Cependant, elles influencent fortement les comportements selon les croyances, les méconnaissances ou les fausses connaissances.

En identifiant les écarts entre le modèle mental des experts et celui des groupes profanes, on peut extraire les points clés (idées reçues/connaissances erronées) pour construire des messages plus clairs, mieux ciblés et plus efficaces.

Objectif : une communication fondée sur la réalité des perceptions

Une méthodologie rigoureuse en cinq étapes

L’IEFC applique une méthodologie en cinq étapes, transmise par ces partenaires, notamment ForestWise , et l’adapte au territoire des Landes de Gascogne pour des résultats pertinents.

Source : Souza et al (2023)

La méthodologie des modèles mentaux appliquée ici trouve ses origines dans les travaux de l’université Carnegie Mellon (Morgan, Fischhoff, Bostrom & Atman, 2002), pionnière dans l’analyse comparative des perceptions expertes et non expertes du risque (profanes). Initialement développée pour améliorer la communication sur les risques technologiques ou environnementaux, cette méthode a été largement validée dans divers contextes. Son intérêt réside dans sa capacité à structurer, étape par étape, l’exploration des représentations mentales afin de concevoir des messages de prévention adaptés aux réalités cognitives et culturelles des publics visés.

Elaboration du modèle mental expert

La réalisation d’une revue de la littérature existante sur le sujet et les discussions/entretiens avec des experts du risque à permit l’élaboration fine des éléments constituants le risque feu de forêt sur le territoire.

Entretiens menés avec les experts du risque :

L’IEFC a conduit 10 entretiens qualitatifs avec des experts impliqués dans la gestion ou la recherche sur le feu de forêt. Ces échanges ont permis de cartographier finement les connaissances techniques, opérationnelles et stratégiques liées au risque.

Les experts interrogés proviennent de structures variées :

  • SDIS 40
  • Communes forestières des Landes
  • Défense des forêts contre l’incendie (DFCI)
  • Office national des forêts (ONF)
  • Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF)
  • Instituts de recherche et doctorants
  • Expert indépendant

Elaboration des modèles mentaux profanes

Étude des groupes profanes à risque :

Les connaissances recueillies auprès des experts sont confrontées à celles de différents groupes de population exposés ou potentiellement impliqués dans des causes accidentelles d’incendie.
Ces groupes, dit à risque, ont été identifiés à partir des dires des experts :

  • Usagers récréatifs : randonneurs, vététistes, chasseurs, pêcheurs, pratiquants de sports motorisés…
  • Habitants en zone interface forêt-habitat : activités domestiques à risque (barbecue, bricolage, brûlage, stockage, rénovation…)
  • Professionnels agricoles et forestiers : engins mécaniques, outils, pratiques culturales ou sylvicoles à potentiel inflammable

Le modèle mental profane du groupe des usagers récréatifs :

L’IEFC a pu distinguer les connaissances convergentes entre experts et publics profanes (représentées en orange), ainsi que les représentations erronées ou les apports originaux

À l’issue de cette analyse comparative, l’IEFC a ainsi identifié : les connaissances partagées entre experts et grand public (en orange), les zones de méconnaissance ou de décalage (en gris), ainsi que les idées reçues ou éléments nouveaux issus des entretiens qualitatifs individuels conduits auprès du grand public.

Donnant les modèles mentaux profane suivant :

Renforcement des données issues des entretiens qualitatifs

À l’issue de la phase d’enquête qualitative menée auprès des publics profanes, un échantillon exhaustif mais non représentatif a été constitué, permettant de cartographier une diversité de profils et de discours. Afin de valider et de consolider les résultats issus de cette première phase, une enquête quantitative a été développée sur la base des éléments-clés identifiés dans les modèles mentaux.

Des questionnaires spécifiques ont ainsi été élaborés pour chacun des groupes cibles, avec un haut niveau de précision méthodologique. Leur diffusion a été assurée en collaboration avec le laboratoire vivant FIRE-RES, garantissant une implantation territoriale pertinente et une diversité de répondants.

Les résultats de cette enquête quantitative permettront de finaliser, ajuster et renforcer les modèles mentaux précédemment établis, en assurant leur robustesse scientifique et leur adéquation avec les réalités de terrain.

Finalité de l’étude

À partir de ces croisements de données, et l’analyse approfondie des entretiens, l’IEFC vise à éclaircir les zones d’ombres et formuler des recommandations concrètes pour les organismes en charge de la prévention incendie. Il s’agit de proposer des façons et des outils de sensibilisation adaptés, compréhensibles, efficaces et ancrés dans la réalité des publics concernés.

Résultats

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