Gérer durablement les forêts dans un monde en mutation – Une conférence pour conclure GenTree
Membres du projet GENTREE devant l’Université d’Avignon
Le projet GENTREE, d’une durée de quatre ans, visait à améliorer la gestion des ressources génétiques forestières, par une meilleure connaissance de la diversité existante et la caractérisation du matériel génétique disponible.
Ce travail servira à planifier la conservation des ressources génétiques au niveau européen et à soutenir les programmes de sélection. L’essentiel des efforts a été consacré à l’échantillonnage d’ADN et d’informations phénologiques d’espèces d’arbres communes présentant un intérêt dans toute l’Europe : Betula pendula, Fagus sylvatica, Picea abies, Pinus pinaster, Pinus sylvestris, Populus nigra, Quercus petraea, Abies alba, Pinus cembra, Pinus halepensis, Pinus nigra et Taxus baccata. La plupart des présentations faites lors de la conférence finale visaient à identifier la capacité de diverses espèces/provenances/familles à faire face au climat futur en supposant qu’il soit plus sec et/ou plus chaud.
Durant son discours d’ouverture, le coordinateur du projet, Bruno Fady, a rappelé que la diversité est une composante clé de la résilience des écosystèmes forestiers et qu’il est nécessaire de l’évaluer non seulement entre espèces mais aussi au sein des populations d’espèces d’arbres.
De nombreuses études génétiques portant sur toutes les espèces listées précédemment ont conclu à la complexité des déterminants génétiques expliquant la capacité d’adaptation d’arbres individuels ; parallèlement il existe une grande partie du génome, avec de nombreux loci impliqués dans les processus expliquant la bonne capacité d’adaptation des individus, cependant, la plasticité et les caractéristiques des sites étudiés peuvent rendre l’interprétation des observations très complexe. Par conséquent, le lien entre la diversité génétique et la capacité d’adaptation n’est pas toujours évident. Par exemple, une étude grecque analysant des échantillons de toutes les espèces de GENTREE, conclut que le Pinus pinea qui a la diversité génétique la plus restreinte est l’espèce la plus plastique sur l’important gradient climatique étudié. Certaines études ont également confirmé que la structure génétique de la population était influencée par la vitesse et la voie de recolonisation après les glaciations mais aussi par une forte hétérogénéité locale des sites, en particulier dans les zones montagneuses où les sites chauds et secs exposés au sud peuvent être utilisés pour sélectionner des populations intéressantes.
En ce qui concerne la résistance aux maladies biotiques, un exposé centré sur le frêne a conclu qu’un enrichissement assisté de la population avec des semis de génotypes tolérants pourrait améliorer de manière significative la résistance des peuplements touchés par le dépérissement du frêne.
Une étude basée sur l’IFN et menée par A. Changenet sur la mortalité des arbres a montré que pour toutes les espèces, les dégâts les plus importants se situaient à la limite de l’aire de répartition, mais qu’ils étaient néanmoins présents dans toute l’aire de répartition des espèces, remettant en question la théorie d’une simple disparition des espèces à la limite sud.
Un des groupes de tâches du projet était davantage axé sur les mesures adoptées dans les pays pour évaluer la perception et le bénéfice du travail effectué dans le domaine de la génétique pour la société.
Marcus Lindner a fait une présentation montrant que les acteurs ont une faible connaissance de toutes les mesures soutenant l’adaptation dans leur pays et que lorsqu’il y a une certaine connaissance, les mesures sont considérées comme insuffisantes. Il conclut en disant que pour une adaptation réussie des forêts européennes au changement climatique, une meilleure compréhension du lien entre les pratiques de gestion et les dynamiques des ressources génétiques forestières dans le cadre du changement climatique est nécessaire. Cette compréhension doit être communiquée aux acteurs et aux décideurs à différents niveaux, des services de gestion forestière pratique à la mise en œuvre des politiques nationales.
Le dernier exposé était un sujet proposé par le personnel de l’IEFC et avait pour but d’évaluer le profit économique induit par le gain génétique afin de démontrer la forte valeur ajoutée des programmes de sélection pour les propriétaires forestiers. Dans toute l’Europe, on observe sur le pin sylvestre et le pin maritime, grâce aux programmes de sélection, des gains génétiques allant de 7 à 40% sur la croissance. Mais en calculant ce gain sur la longueur de rotation, le revenu économique augmente beaucoup plus : jusqu’à 60 ou 160% selon les sites et les stratégies de gestion considérées.
Toutes les vidéos des présentations sont en ligne, tout comme les posters.
Auteur de l’article : Christophe Orazio (IEFC)